« Je suis une petite femelle, il faut me laisser faire ce que j’ai envie. »

Philippe Jaenada signe avec « La petite femelle » son onzième roman et comme il se plaît à le dire, le deuxième dans lequel il ne parle pas de lui.
J’ai eu la chance de le rencontrer lors de la soirée de clôture du projet 68 premières fois (voici le résumé)  et de l’écouter présenter sa petite femelle parue aux Editions Julliard en septembre, ce gros livre de 700 pages qui se laisse lire comme si de rien n’était…
Pour ma part c’était le premier Jaenada que je lisais et je l’ai attaqué avec l’appréhension d’une première fois…
J’en fais quoi des 700 pages si ça ne me plait pas ?

La petite femelle c’est Pauline Dubuisson, jeune étudiante en médecine qui grandi pendant l’occupation entre un père autoritaire qui est près à tout pour arriver à ses fins et une mère quasi-inexistante.
Pauline Dubuisson c’est une jeune fille qui rêve d’amour à 13 ans dans un Dunkerque envahi d’Allemands, qui rêve d’étudier et de devenir une femme avec un avenir, pas seulement « la femme de ».

Rien de bien original en quelque sorte…

Pourtant ça ne se fait pas…Pauline Dubuisson c’est cette jeune fille qui a fait parler d’elle parce qu’elle a tué celui qu’elle aimait et que d’une certaine façon tout le monde s’est arrêté à ça…pour réinterpréter sa vie. Journalistes, magistrats, avocats, chacun y est allé de ce qui l’arrangeait pour faire d’elle un monstre.

« Plus j’avance avec Pauline, plus je réalise que les moindres actes d’une vie, anodins ou pas sur le moment, sont épinglés sur nous comme des poids de plomb le jour où on déraille et où tous les regards se tournent vers nous – c’est ce qui s’est passé pour elle en tout cas, on a transformé et alourdi tout ce qu’elle a fait; même quand c’était: rien. »

Lorsque débute son procès en 1953, elle sait que c’est perdu d’avance. Que rien ni personne ou du moins pas grand monde ne remettra vraiment les choses à leurs places…

« En trente minutes, magistrats et jurés ont pensé qu’ils avaient tout compris, tout deviné de cette jeune fille qu’ils ont vue en tout et pour tout trois après-midi entre deux gendarmes. Justice est faite. Les formes ont été respectées… »

Avec une plume drôle et cynique à la fois jouant des parenthèses, digressions et anecdotes qui n’ont rien à voir, Philippe Jaenada nous embarque dans cette histoire passionnante et parfaitement documentée.

A travers l’histoire tragique de Pauline Dubuisson, c’est la condition de la femme dans cette France de la fin de la seconde guerre mondiale qu’il met en avant. Cette impossibilité de choisir sa vie au risque d’être pointée du doigt.

Un livre touchant et sublime.

Interview Philippe Jaenada dans On n’est pas couché

La petite femelle
Editions Julliard
Septembre 2015

2 réponses sur « « Je suis une petite femelle, il faut me laisser faire ce que j’ai envie. » »

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